Les Venins de la Cour

La suite de Althéa ou la colère d’un roi

Eloïse, la fille de Mathieu et Althéa, duc et duchesse de Mergenteuil, a grandi sur le domaine de ses parents, loin de la Cour. Frivole et ambitieuse, elle rêve d’y faire un jour son entrée par un riche mariage qui lui permettrait d’obtenir une charge auprès de la Reine. Invitée par madame de Montespan, favorite du Roi et amie de sa mère, elle ne tarde pas à être courtisée par le comte Enguerrand de Vermonfort qui demande bientôt sa main. Mais la nouvelle comtesse se trouve brutalement compromise et, menacée d’emprisonnement, se réfugie au couvent de Moret, sur les conseils de madame de Montespan. L’affaire des poisons éclate et l’étau se resserre autour de la jeune femme tandis que le lieutenant de police Gabriel Nicolas de la Reynie poursuit ses enquêtes qui mettent en lumière les implications des plus hauts personnages du royaume…

A travers l’histoire d’Eloïse de Vermonfort, nous entrons au cœur d’une des plus grandes affaires criminelles de tous les temps qui nécessita la création d’un tribunal d’exception, la Chambre Ardente, lequel siègera presque trois ans. De Louvois à Colbert, de Fouquet à la mystérieuse mauresse de Moret, Louis XIV tente sous nos yeux de protéger les secrets de l’Etat. Mais la Cour de France bruisse de toutes ces horreurs que le grand Roi ne parvient pas à étouffer. "Les Venins de la Cour" les restitue dans leur aspect redoutable, mais aussi terriblement romanesque.

Propos de l'auteur

Le Grand Siècle… Comment pouvais-je ne pas y revenir ? Vous avez été nombreux à me demander si j’allais écrire la suite d’"Althéa"… C’est chose faite avec "Les Venins de la Cour", qui met en scène Eloïse, la fille de Mathieu et Althéa de Mergenteuil.

1675… Les années ont passé et l’âge de mon héroïne coïncidait avec un épisode éminemment romanesque du règne de Louis XIV : l’affaire des poisons sur laquelle j’ai toujours eu envie d’écrire. Cette sordide histoire d’empoisonnement a atteint des proportions que l’on peine à concevoir. Effaré par son ampleur et surtout par l’implication des plus grands noms de France, le Roi a tenté de faire disparaître les preuves de ce scandale, mais en vain. Aujourd’hui, les historiens ont exhumé les documents consciencieusement archivés par le lieutenant de police La Reynie et l’on demeure sans voix lorsque l’on effectue des recherches sur le sujet. A cette époque, Paris était aux mains des devineresses, avorteuses, prêtres apostats et empoisonneuses, lesquels exerçaient leurs talents partout et jusque dans l’entourage du Roi. Sous la férule de Colbert et de Louvois, Gabriel Nicolas de la Reynie prend la tête des opérations. La Chambre Ardente, tribunal d’exception créé spécialement pour cette affaire, condamne au bûcher à tour de bras. Mais sera-ce suffisant pour que le règne du Roi-Soleil ne soit à jamais entaché de ces horreurs ? Comme à l’accoutumée, je souhaitais que le sujet soit abordé par le biais d’une fiction romanesque pour mettre en scène les différentes facettes de cette affaire et en comprendre les rouages, à travers l’histoire d’une jeune aristocrate emportée dans la tourmente de tous ces crimes. "Althéa ou la colère d’un roi" évoquait la chute du surintendant Fouquet. On découvre, dans "Les Venins de la Cour", que du fond de sa geôle, ce dernier que l’on croyait enterré vivant est peut-être encore concerné par cette dangereuse affaire…

Les Venins de la Cour

Extrait

Paris, février 1677

Le froid intense qui s’était abattu sur Paris depuis la mi-décembre avait considérablement assaini les rues. Plus de boue dans laquelle les semelles collaient et les chariots s’embourbaient, plus d’odeurs nauséabondes : le contenu des seaux d’aisance que l’on balançait par les croisées gelait au sol tout comme les immondices sur les bas-côtés. Seul le quartier des tanneurs dégageait toujours son odeur âcre et caractéristique, mais dans l’ensemble, la ville était plus praticable. L’arrivée de monsieur de la Reynie à la tête de la police avait aussi changé de façon significative la vie des parisiens. Paris était éclairé le soir, surveillé en permanence, et la criminalité reculait. Mendiants et tire-laines n’avaient bien sûr pas disparus, mais deux exempts et vingt archers contrôlaient au Châtelet les foires, les marchés et la sortie des églises tandis que l’on avait spécialisé la compagnie du lieutenant criminel -pas moins de cinq brigades !- dans la surveillance des faubourgs. Ceci avait fait l’objet de l’une des premières et très opportunes réformes de monsieur de la Reynie.
Pelotonnée au fond de sa voiture, Eloïse tremblait.